Les autorités australienne poursuivent Meta pour laisser passer des publicités trompeuses sur les crypto

Meta accusée de faciliter la diffusion de publicités crypto trompeuses

La Commission australienne de la concurrence et de la consommation (ACCC) a déposé une plainte auprès de la Cour fédérale d'Australie, accusant Meta d'être consciente, depuis 2018, que la majorité des publicités liées aux cryptomonnaies sur Facebook étaient trompeuses ou utilisaient des pratiques promotionnelles déceptives.

Selon l'analyse préliminaire de l'ACCC, plus de 58 % des publicités crypto examinées étaient soit des escroqueries, soit en violation des politiques publicitaires de Meta.

L'ACCC a identifié jusqu'à présent 600 publicités utilisant des célébrités pour tromper les investisseurs, avant de les escroquer via des arnaques liées aux investissements en cryptomonnaies.

Ces publicités utilisent souvent les images de figures clés et de célébrités australiennes pour induire en erreur, notamment des acteurs comme Chris Hemsworth et Mel Gibson, ainsi que des personnalités politiques comme Mike Baird.

Un exemple frappant est l'utilisation, en février 2024, de vidéos deepfake du magnat australien de l'exploitation minière Andrew Forrest par des escrocs pour promouvoir une fausse application de trading de cryptomonnaies. L'ACCC s'attend à découvrir d'autres cas similaires une fois le processus de découverte commencé.

Responsabilité de Meta et mesures réglementaires

La plainte allègue également que Meta possède la capacité d'émettre des avertissements sur les publicités qu'il affiche, en informant spécifiquement les utilisateurs que certaines annonces sont potentiellement trompeuses, mais qu'il n'a pas pris ces mesures.

Au lieu de cela, Meta retire les publicités individuelles lorsqu'il reçoit une plainte, tout en continuant à "gagner des revenus" grâce à des annonces similaires, parfois avec les mêmes célébrités.

Le régulateur australien avait déjà porté plainte contre Meta en 2022, l'accusant de « conduite trompeuse » en autorisant des publicités crypto basées sur des célébrités à être diffusées. Avant cela, l'agence avait commencé à enquêter sur Meta pour violation des lois australiennes sur la consommation. Aucune date d'audience n'a encore été fixée pour ce procès.

Une augmentation des escroqueries crypto en Australie

L'Australie a connu une augmentation des escroqueries, comme en témoigne les données de Scamwatch. Plus de 143 000 cas signalés ont entraîné des pertes de 134,47 millions de dollars, les escroqueries liées aux investissements représentant plus de 78 millions de dollars de ces pertes.

Le secteur des cryptomonnaies en Australie a également vu une hausse des activités illicites, poussant AUSTRAC à attribuer un facteur de risque "élevé" aux cryptomonnaies dans son Évaluation nationale des risques de blanchiment d'argent pour 2024. Un rapport de 2023 de l'Australian Financial Crimes Exchange a révélé que plus de 3 milliards de dollars avaient été perdus à cause des escrocs crypto l'année précédente.

Face à cette recrudescence, les autorités australiennes ont multiplié les initiatives pour freiner les escroqueries impliquant les cryptomonnaies.

Le 5 août, la Police fédérale australienne a annoncé l'Opération Spincaster en collaboration avec la société de criminalistique blockchain Chainalysis pour récupérer des fonds crypto volés depuis des portefeuilles non conservés.

Par ailleurs, les principales banques du pays ont commencé à restreindre les paiements vers les plateformes d'échange de cryptomonnaies, invoquant une montée des arnaques liées aux investissements crypto.

Ce procès contre Meta souligne les défis croissants auxquels sont confrontés les régulateurs pour protéger les consommateurs dans l'écosystème numérique en pleine expansion, et la nécessité pour les géants de la technologie de renforcer la surveillance et la responsabilité des publicités diffusées sur leurs plateformes.