L’euro numérique divise : un projet trop ambitieux pour une Europe fragmentée ?
ValLes ministres européens ont validé une feuille de route pour un euro numérique avec une législation prévue en 2026. Malgré un calendrier précis, des voix discordantes s’élèvent sur les risques pour les banques, la vie privée et la souveraineté monétaire face à la montée des stablecoins.
Un projet politique porté par la BCE mais contesté dans les États membres
L’euro numérique repose sur l’idée de créer une monnaie digitale publique émise directement par la Banque centrale européenne, disponible pour tous les citoyens via un wallet numérique personnel. Cette solution permettrait de réduire la dépendance aux réseaux privés comme Visa, Mastercard ou USDT, tout en renforçant la résilience du système monétaire européen. Mais sur le terrain politique, l’adhésion reste très partielle.
Certains pays, dont l’Espagne, alertent sur le risque d’un effet de fuite des dépôts bancaires, si les citoyens préfèrent stocker leur argent directement auprès de la BCE. Pour contenir ce risque, la banque centrale envisage un plafond de 3 000 euros par utilisateur, jugé trop faible pour que le projet soit réellement adopté, mais déjà trop élevé pour ne pas perturber l’équilibre des institutions financières.
Les opposants soulignent également un problème de surveillance financière, craignant que les autorités disposent d’un accès trop large aux données personnelles. D’autres critiquent le fait qu’aucune demande citoyenne claire n’ait émergé pour justifier un tel changement, ce qui interroge la légitimité sociale du projet.
Une Europe en retard face à la Chine et aux États-Unis
Alors que la BCE envisage un lancement potentiel en 2029, la Chine expérimente déjà le yuan numérique à grande échelle et les États-Unis accélèrent sur les stablecoins réglementés. L’Europe, de son côté, avance lentement, par souci de compromis politique, mais cette prudence pourrait lui faire perdre sa place dans la course mondiale aux CBDC.
Le projet est présenté comme un outil de souveraineté géopolitique, mais le retard d’exécution pourrait le rendre obsolète avant même son déploiement. La lenteur du calendrier législatif, combinée aux tensions internes, pourrait transformer ce projet en enjeu diplomatique, plus qu’en réelle avancée technologique.
Cette situation soulève une question majeure : une monnaie numérique centralisée peut-elle réellement séduire dans un environnement où les cryptos décentralisées ont été pensées comme une alternative aux banques centrales ? L’euro numérique pourrait rester un outil de niche, utile pour certains paiements, mais sans adoption massive.
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