
Nvidia à 3 500 milliards $: un pari sur un futur tokenisé par l’intelligence artificielle (IA)

Nvidia vient de devenir l’entreprise la plus valorisée au monde, atteignant 3 500 milliards de dollars de capitalisation boursière. Derrière cette envolée, un pari clair et massif de son PDG, Jensen Huang : l’intelligence artificielle va redéfinir tous les flux d’information via des tokens IA. Non pas des cryptomonnaies, mais des unités de données digérées, apprises et régénérées par les modèles d’IA.

Que sont les tokens IA et pourquoi sont-ils si importants ?
À la différence des tokens blockchain, un token IA désigne un fragment de donnée (texte, image, code) utilisé dans le traitement et l’apprentissage automatique. Chaque interaction avec un chatbot, chaque calcul dans une IA générative, mobilise des milliers voire des millions de ces tokens.
Les modèles de nouvelle génération, dits à « raisonnement » (comme ceux capables de réfléchir à une réponse en plusieurs étapes), consomment jusqu’à 1 000 fois plus de tokens que les anciens.
Cela signifie : plus de calculs, plus de puissance, plus de puces, plus de revenus pour ceux qui alimentent ces machines. Et Nvidia est au cœur de cette chaîne.
Résultats financiers records malgré l’exclusion du marché chinois
Au premier trimestre 2025, Nvidia a généré 44 milliards de dollars de chiffre d’affaires, en hausse de 69 % par rapport à l’année précédente. Le marché anticipait bien moins, les analystes n’ayant pas vu venir cette poussée. Mieux encore, la société affiche une marge brute de 71 %, rarissime pour une entreprise de cette taille.
Et ce, malgré un coup dur : la fermeture du marché chinois à ses meilleurs produits, sous l’effet des sanctions américaines renforcées par le retour de Donald Trump à la présidence. Résultat : 4,5 milliards de dollars de pertes en stock invendu.
Mais au lieu de plier, Nvidia a recyclé ces stocks, revu ses prévisions à la hausse et anticipe 45 milliards de revenus au trimestre prochain, malgré la perte de 8 milliards de dollars de ventes en Chine.
La montée des projets d’IA souveraine
Privée de la Chine, Nvidia réoriente sa stratégie vers des partenariats étatiques et stratégiques. Des pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Taïwan investissent dans des infrastructures d’intelligence artificielle dites « souveraines », intégrant les puces Nvidia comme composants centraux de leurs data centers.
Jensen Huang prépare également des négociations en Europe, où plusieurs gouvernements s’intéressent à une indépendance numérique basée sur l’IA. Ce changement de paradigme (ne plus simplement importer de la tech, mais bâtir des écosystèmes IA locaux) représente une nouvelle frontière pour Nvidia.
Les géants du cloud et la frénésie des data centers
Les acteurs privés ne sont pas en reste. Alphabet (Google), Oracle, Microsoft et d'autres augmentent leurs capacités cloud avec de nouveaux centres de données massifs, exigeant des quantités gigantesques de processeurs IA.
La dernière génération de puces Nvidia, nommée Blackwell, est déjà sur-demandée avant même son lancement officiel. Ces puces sont conçues pour exécuter des tâches d’IA plus complexes, notamment le raisonnement multi-niveaux, avec une efficacité énergétique améliorée — un atout clé face à des modèles gourmands.
Selon Apollo Global Management, la construction de data centers aux États-Unis a ajouté 1 point de PIB au pays au premier trimestre. Cela illustre l’ampleur de l’investissement infrastructurel autour de l’IA.
Une avance technologique qui rend la concurrence marginale
Les rivaux comme AMD ou la start-up Cerebras, soutenue par Abu Dhabi, peinent à suivre le rythme. AMD ne réalise encore qu’un sixième du chiffre d’affaires de Nvidia, et même si des améliorations techniques arrivent, Nvidia peut se permettre de baisser ses prix pour rester dominant un luxe que ses marges généreuses rendent possible.
Les analystes sont unanimes : Dan Ives (Wedbush) écrit que « Nvidia est LA puce de la révolution IA ». Même HSBC, dans une note neutre, reconnaît que les chiffres sont « suffisants pour éviter toute déception ».
Ce que propose Jensen Huang, ce n’est pas seulement une performance financière. C’est une vision structurelle du futur : chaque élément de notre quotidien conversations, vidéos, schémas, décisions sera transformé en tokens IA.
Ces fragments de données alimenteront des modèles qui prédiront, recommanderont, simuleront et automatiseront.
Cette dynamique transforme Nvidia d’un fabricant de matériel informatique à un architecte des systèmes cognitifs globaux. Le cloud devient une usine à intelligence, et Nvidia vend les moteurs.
Nvidia ne vend plus seulement des cartes graphiques. Elle construit le socle de l’intelligence du XXIe siècle. Et pour l’instant, personne ne peut suivre le rythme.

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