Comprendre l'assurance décentralisée
La finance décentralisée a connu une véritable expansion ces dernières années. On estime à plus de 100 milliards de dollars la valeur totale des actifs placés dans la DeFi. Malheureusement, le secteur a connu de nombreux piratages, et d’autres incertitudes entourent cette pratique.
C’est pourquoi, des assurances décentralisées se sont mises en place afin de protéger les utilisateurs face à ces potentiels risques. Comment fonctionne une assurance décentralisée ? Quels sont les principaux protocoles ? On vous explique tout à travers notre guide dédié aux assurances décentralisées.
C'est quoi l'assurance décentralisée ?
Une assurance décentralisée est un protocole qui a pour objectif de protéger les utilisateurs souscripteurs face aux potentiels risques générés par la DeFi. En effet, le nombre de projets de la finance décentralisée ayant connu un piratage est important, et les pertes peuvent être considérables.
De ce fait, un utilisateur de la finance décentralisée peut choisir d’être protégé contre certains risques. C’est le cas des piratages, mais également d’un problème lié à un exchange ou encore le depeg d’un stablecoin.
Pour cela, il suffit à l’utilisateur de payer une mensualité au protocole, tout en désignant dans son contrat les modalités de sa protection. De ce côté, cela ressemble grandement à une assurance classique, que l’on pourrait souscrire dans le monde traditionnel.
Cependant, les fonds qui permettent de dédommager les utilisateurs en cas de problèmes sont également collectés de manière décentralisée. En effet, des fournisseurs de liquidité vont mettre en commun leurs fonds, en échange de quoi, ils perçoivent une partie des revenus du protocole.
Le fonctionnement d'une assurance DeFi
Comme nous l’avons expliqué précédemment, une assurance DeFi fonctionne de manière assez similaire à une assurance classique. Les utilisateurs souscrivent à un contrat qui les protège contre certains risques, en échange de quoi ils paient une prime à l’assureur.
Cependant, l’assureur est constitué en réalité de nombreux fournisseurs de liquidité, fonctionnant de manière décentralisée par l’intermédiaire d’un protocole. La question se pose alors : comment décident-ils de dédommager ou non un utilisateur ? C’est ce que nous allons voir maintenant.
Vérification par vote de la DAO
La première option est le vote de la DAO. En effet, les détenteurs d’un token gouvernance forment ce que l’on appelle une Organisation Autonome Décentralisée. Ils peuvent se réunir pour procéder à des votes. Dans ces votes, il est possible de discuter de l’avenir du protocole, mais aussi et surtout du dédommagement d’un événement en particulier.
Vérification par utilisation d’un oracle
Certains protocoles reposent également sur l’utilisation d’oracles pour surveiller certains risques précis. Les oracles sont des produits décentralisés qui vont partager en temps réel des données, on-chain ou non.
Par exemple, ils peuvent partager au protocole d’assurance le prix d’une cryptomonnaie de manière constante. Ce type de solution est utilisé pour suivre certains risques de manière autonome, comme le depeg d’un stablecoin, et ainsi déclencher de manière automatique le dédommagement des utilisateurs assurés.
Les principaux protocoles d’assurance décentralisée
Nexus Mutual
Nexus Mutual est le protocole d’assurance décentralisée le plus utilisé. Il permet de se protéger contre différents risques, allant du piratage de protocoles de DeFi à des problèmes liés à des exchanges centralisés. Selon leurs propres données, Nexus Mutual c’est 87 millions de dollars d’actifs assurés, plus de 18 millions de dollars dédommagés et un capital de plus de 260 millions de dollars.
Opencover
OpenCover est un autre protocole d’assurance décentralisée. Ils peuvent vous couvrir contre le piratage de smarts contracts, des problèmes liés aux oracles et bien d’autres risques. Selon leurs données, ils ont dédommagé plus de 18 millions de dollars depuis 2019. De plus, ils couvrent actuellement plus de 120 millions de dollars d’actifs avec un capital de près de 300 millions de dollars.
InsurAce
Le protocole d’assurance DeFi InsurAce présente de nombreux avantages. Pour commencer, ce dernier est cross-chain avec la prise en charge d’Ethereum, d’Avalanche, de Polygon, mais aussi de la Binance Smart Chain. De plus, la DApp est simple, claire d’utilisation et très accessible, même aux débutants.
D’après les chiffres présentés par le protocole, InsurAce c’est plus de 100 protocoles pris en charge, près de 430 millions de dollars d’actifs assurés, plus de 12,5 millions de dollars dédommagés. De plus, leur couverture s’étend sur 19 blockchains différentes.
Les risques pris en charge par les assurances DeFi
Les risques pris en charge par les assurances DeFi dépendent du fournisseur choisi, mais également du contrat que vous souscrivez. En effet, le monde de la DeFi est exposé à de nombreux risques différents. Nous allons parler des 3 risques les plus courants pris en charge par les assurances, en dehors des piratages de contrats intelligents.
Déviation du prix d'un stablecoin
Les stablecoins ont pour objectif de ne pas varier de manière importante, d’être fiables et stables. Généralement, ces derniers sont adossés à une monnaie fiduciaire, comme le dollar américain par exemple. On peut citer par exemple l’USDT ou l’USDC.
Parfois, pour des raisons diverses, le prix d’un stablecoin peut dévier de son objectif. On appelle ce phénomène un depeg. Dans ce cas, quand le prix du stablecoin s’effondre, de nombreux investisseurs peuvent perdre une somme d’argent importante. C’est pourquoi, ce type d’assurance est très prisé des utilisateurs de la DeFi.
Risques liés aux validateurs
Les risques liés aux validateurs sont légèrement plus complexes et nécessitent de connaître le processus de la preuve d’enjeu. Pour faire simple, les validateurs sont les entités qui vont aider à la sécurisation d’un réseau, en vérifiant et validant les transactions et les blocs.
Parfois, certains validateurs peuvent être malveillants. Ils vont donc tenter de faire passer des transactions falsifiées, ou incorrectement ordonnées dans le bloc. Le consensus, quand il détecte ce genre d’abus, sanctionne le validateur, en “slashant”, c'est-à-dire, en imputant une part du montant mis en jeu (son stake).
Le problème est que dans cette partie, se trouve généralement des actifs issus de la délégation. Il s’agit de cryptomonnaies mises en enjeu par d’autres utilisateurs, qui, ne souhaitant pas s’impliquer dans la preuve d’enjeu, délègue à des opérateurs de nœud.
De ce fait, des utilisateurs qui n’ont rien demandé peuvent voir une partie de leurs cryptomonnaies confisquée. C’est pourquoi, certains optent pour une assurance qui va permettre de les protéger contre ce genre de dérives.
Risques liés aux exchanges
Les exchanges centralisés sont également vulnérables. Nous avons déjà vu par le passé des plateformes piratées, ou qui font faillite, menant à des pertes importantes pour les utilisateurs. Plus récemment, nous avons l’exemple tristement célèbre de FTX.
Dans le meilleur des cas, ces exchanges ont des assurances pour leurs utilisateurs, qui, bien souvent, ne couvrent pas la totalité de leurs actifs. C’est pourquoi, il est possible de souscrire à des assurances décentralisées pour se protéger face à ces risques.
L'assurance paramétrique
L’assurance paramétrique existe déjà. Il s’agit d’un contrat, qui va enclencher une indemnisation, non pas en fonction des dommages subis, mais selon des paramètres définis. En clair, cela permet d’être assuré en fonction de données quantifiables (sécheresse, ouragan, inondation, retard d’un avion, etc.).
Prenons un exemple, vous êtes un usager régulier des lignes aériennes. Pendant vos voyages, vous rencontrez souvent des retards de vol. Dans ce cas, vous décidez d’être assuré et ainsi d’être indemnisé dans le cas où votre avion serait en retard, poserait des problèmes de correspondances, etc.
À l’heure actuelle, dans ce cas précis, il est nécessaire d’avoir une entité centralisée (l’assureur) qui obtient les données (vols en temps réel), et enclenche une indemnisation manuellement.
Avec la blockchain, vous pouvez paramétrer un smart contract, qui, par l’intermédiaire des oracles, va déclencher automatiquement le versement d’une indemnisation lorsque les conditions du contrat sont rencontrées. On supprime l’intermédiaire et de nombreuses autres contraintes, ce qui permet une économie de temps et de coût.
Les contrats intelligents sont parfaitement adaptés aux cas des assurances paramétriques. De plus, l’intérêt pour ce type de solution est croissant, notamment en raison des taux d’assurance moins élevés.
Conclusion
Notre guide sur l’assurance décentralisée est terminé. Il est évident que la blockchain, par l’intermédiaire des contrats intelligents, a un grand rôle à jouer dans l’évolution du modèle actuel des assurances.
Elles trouvent déjà une utilité certaine dans la finance décentralisée, en permettant de se protéger contre les aléas, malheureusement nombreux, du secteur. Elles commencent peu à peu à s’imposer dans le secteur traditionnel, grâce à des avantages indéniables, comme avec l’assurance paramétrique.
Mon aventure dans les cryptomonnaies commence au début du bull-run 2021. Je me suis d’abord renseigné sur la technologie blockchain, Bitcoin et Ethereum, par simple curiosité. J’ai rapidement été séduit par l’idéal porté par BTC, et j’ai alors décidé d’investir. Par la suite, je me suis intéressé aux NFTs à travers plusieurs écosystèmes, dont Ethereum, Solana, ou encore Avalanche. La technologie développée par Avalanche m’a convaincu, et j’ai alors décidé de passer de simple investisseur à entrepreneur, en créant mon propre projet NFT.
J’ai toujours aimé écrire et transmettre mes connaissances. J’ai commencé par le faire auprès de ma petite communauté sur Twitter, avec laquelle je partageais mes analyses et mes avis. Aujourd’hui, j’ai l’opportunité d’allier mes deux passions, que sont l’écriture et le web3, en tant que rédacteur pour CryptoNeet. N’hésitez pas à me retrouver sur X/twitter.